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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/122

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de la Colchide l’avoient été pour mon oncle Tobie. Mon père ne sut s’il devoit sourire ou froncer le sourcil. —

Mon oncle Tobie, se retournant vers Yorick, acheva le détail du siége de Limerick plus intelligiblement qu’il ne l’avoit commencé ; ce qui soulagea infiniment mon père.



CHAPITRE XXXIX.

Siége de Limerick.


« Ce fut sans doute un grand bonheur pour le caporal et pour moi, dit mon oncle Tobie, de ce que la fièvre ne nous quitta pas un instant, pendant les vingt-cinq jours entiers que nous campâmes presque sous l’eau. — Nous l’eûmes constamment et de la plus grande violence. Heureusement encore il s’y joignit une soif dévorante, qui, jointe à l’ardeur de la fièvre, empêcha ce que mon frère appelle l’humide radical, de prendre le dessus, comme il seroit infailliblement arrivé sans cela. » — Ici mon père gorgea ses poumons d’air, et levant les yeux au plancher, il fit une respiration qui dura deux minutes.

« — Le ciel eut pitié de nous, continua