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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/136

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je ne puisse ni ne doive jamais en voir, en ai-je au moins vu la peau ? en ai-je vu le portrait, la description ? en ai-je jamais rêvé ?

» Mon père, ma mère, mon oncle, ma tante, mes frères ou mes sœurs, ont-ils jamais vu un ours blanc ? qu’auroient-ils donné pour en voir un ? qu’auroient-ils fait s’ils l’avoient vu ? qu’auroit fait l’ours blanc ? — Est-il féroce, — apprivoisé, — méchant, — grondeur, — caressant ?

» Un ours blanc mérite-t-il d’être vu ?

» N’y a-t-il point de péché à le voir ?

» Un ours blanc vaut-il mieux que le noir ? »



CHAPITRE XLV.

Intermède.


À Présent, mon cher monsieur, arrêtons-nous encore deux minutes, et rentrons dans la salle pour recueillir les suffrages. — Vous savez comme mon amour-propre y trouve son compte.

Ce n’est pas que je m’en plaigne ; il faut être juste. Les dissertations savantes de mon père, ses verbes auxiliaires, son ours blanc, peuvent très-bien ne pas plaire à tout le monde. — Je vois là un gros abbé qui dort,