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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/16

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ne demandoit qu’à être défrichée et desséchée ! — qui touchoit au domaine des Shandy, sur laquelle même nous avions quelque espèce de droits ! une commune enfin que depuis long-temps mon père avoit résolu de tourner à son profit de manière ou d’autre !

Comme jusques-là rien ne l’avoit mis dans la nécessité de justifier l’ancienneté ou la justice de ses droits, mon père, en homme sage, en avoit toujours renvoyé la discussion au premier moment favorable. — Mais ce moment étoit arrivé ; et les deux projets favoris de mon père, Oxmoor et les voyages de mon frère, se présentant à-la-fois, ce n’étoit pas une petite affaire que de savoir auquel donner la préférence. —

Ce que je vais dire paroîtra ridicule ; mais la chose étoit ainsi.

Nous avions dans la famille une coutume si ancienne, qu’elle étoit presque passée en loi. Le fils aîné de la maison, avant son mariage, avoit la liberté de partir, d’aller et de revenir à son gré d’un bout de l’Europe à l’autre. — Ce n’étoit pas seulement pour s’instruire, ou pour fortifier sa santé par le changement d’air ; — c’étoit pour satisfaire sa fantaisie, — pour rapporter un plumet à son chapeau :