Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/18

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y avoit, disoit Obadiah, de quoi faire saigner le cœur d’un galant homme, qui en auroit connu la valeur, et qui se seroit seulement promené sur ce malheureux terrein.

À dire vrai, personne n’en étoit directement responsable ; et mon père auroit vu la chose avec indifférence, et ne se serait jamais occupé d’Oxmoor, sans ce maudit procès qui s’éleva à cause de ses limites, et qui lui fit prendre (sinon pour son intérêt, du moins pour son honneur) la ferme résolution d’acquérir cette portion de domaine, sitôt que l’occasion s’en présenteroit ; et l’occasion en étoit venue, ou jamais.

Cette parité de raisons et d’avantages dans les deux plus importans projets de mon père, étoit certainement marquée au coin du guignon. — Mon père avoit beau les peser ensemble, puis séparément, — sous toutes leurs faces, et sous tous leurs rapports, — consacrant des heures entières à des calculs pénibles, — se livrant à la méditation la plus abstraite, — lisant un jour des ouvrages d’agriculture, et des voyages le lendemain, — se dépouillant de tout système et de toute passion, — se consultant chaque jour avec mon oncle Tobie, — argumentant avec Yorick, — et résumant toute l’affaire d’Oxmoor avec