Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

campagne, qui étoient, comme on l’a vu, à droite et à gauche de la guérite de mon oncle Tobie. — Son idée n’alla pas plus loin pour le moment ; — et l’invention de ce stratagême, et les moyens de l’exécuter se présentant à son esprit tout-à-la-fois, il se tint assuré du succès, et fut sans la moindre inquiétude sur le bonnet de houssard qu’il avoit mis au jeu, ainsi que le lecteur peut s’en souvenir. —

Mais en tournant et retournant son projet dans sa tête, il ne tarda pas à concevoir une idée plus vaste. Il comprit qu’en attachant au bas de chacune de ses pipes turques trois petits tuyaux de cuir préparé, d’où descendroient trois autres pipes de fer-blanc, dont la bouche s’adapteroit et se mastiqueroit avec de l’argile sur la lumière de chaque canon, il lui seroit aussi facile de mettre le feu aux six pièces à-la-fois, qu’à une seule. — Il ne s’agissoit que de fermer tout passage à l’air, en liant hermétiquement avec de la soie cirée les pipes avec leurs tuyaux, à leurs différentes insertions.

— Telle fut l’invention du caporal ; — et que les savans n’aillent pas s’en moquer. — Est-il un d’eux qui ose dire de quelle espèce de puérilité il est impossible de tirer quelque