Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cependant, quoique l’on ait pu dire et faire, il faut convenir que Calais n’a jamais été aussi important par lui-même que par sa position, et cette entrée facile qui a tant de fois fournie à nos ancêtres pour pénétrer en France. Mais cet avantage n’étoit pas même sans inconvéniens ; et Calais a été pour l’Angleterre dans ces temps-là une source de querelles, aussi répétées que Dunkerque dans le nôtre. On regardoit à bon droit cette ville comme la clef des deux royaumes ; et c’est de-là que sont venus tant de débats, pour savoir qui la garderoit.

De ces débats, le plus mémorable fut le siége, ou plutôt le blocus de Calais par Édouard III. La ville resista une année entière aux efforts de ses armes, et se défendit jusqu’à la dernière extrémité ; la famine seule l’obligea de se rendre. — Le dévouement d’Eustache de Saint-Pierre, qui s’offrit le premier comme victime, pour sauver ses concitoyens, a placé le nom de ce généreux magistrat parmi ceux des héros. — Et, comme ce détail ne prendra pas plus d’une cinquantaine de pages, ce seroit faire au lecteur une injustice criante, que de ne pas lui donner le détail exact de cet événement romanesque et du siége lui-même, dans les propres mots de Rapin Thoiras.