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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/300

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auvent, en face de l’abbaye, pour assortir quatre douzaines de sonnettes pour les harnois, sifflant un air à chaque sonnette, à mesure qu’il l’attachoit avec une courroie.

Le maréchal et le charron des Andouillettes tinrent conseil sur les roues, et dès le lendemain à sept heures du matin, tout fut réparé, tout se trouva prêt, et fut rendu à la porte du couvent. — Deux files de malheureux y étoient rassemblées une heure auparavant.

L’abbesse des Andouillettes, soutenue par Marguerite, sa novice, s’avança lentement vers la calèche, toutes deux vêtues en blanc, avec leurs rosaires noirs pendant sur leur poitrine.

Il y avoit dans ce contraste de couleurs, je ne sais quoi de modeste et de solemnel.

Elles montèrent dans la calèche. — Les religieuses, dans le même uniforme (doux emblème de l’innocence !) se tinrent à leurs fenêtres, et quand l’abbesse et Marguerite levèrent les yeux sur elles, chacune, la pauvre religieuse à la sciatique exceptée, — chacune relevant le bout de son voile avec sa main de lys, envoya le dernier baiser et le dernier adieu. — La bonne abbesse et Marguerite croisèrent saintement leurs mains sur leur poitrine, — levèrent les yeux au ciel, — les