celui dont je parle, il suivoit une route si différente de celles que tous les autres voyageurs avoient parcourues avant lui ; — il voyoit les rois et les cours, et toute leur magnificence, sous un point de vue si original ; — ses remarques sur les caractères, les mœurs et les coutumes des pays que nous traversions, étoient si opposées à celles de tous les autres hommes, et particulièrement à celles de mon oncle Tobie et du caporal, pour ne rien dire des miennes, — les hasards et les accidens qui nous arrivoient, ou que les systèmes et son opiniâtreté nous attiroient journellement, étoient d’un genre si varié, si étrange, si tragi-comique ; — en un mot, l’ensemble de ses aventures et de ses réflexions, forme un tout si différent de tout ce qu’on a jamais vu dans aucun récit de voyageur, — que ce sera ma faute, et uniquement ma faute, si les voyages de mon père ne sont pas lus et relus par tout voyageur et tout amateur de voyages, tant qu’il y aura des voyages et des voyageurs.
Mais ce riche ballot ne doit pas s’ouvrir encore. Je ne veux en tirer que ce qui m’est nécessaire pour débrouiller le mystère de notre séjour à Auxerre. — Je vois l’impatience du lecteur, et je m’empresse de la satisfaire.