Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/356

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

y étale tous ses trésors, — il lui reste éternellement sur les bras une grande plaine inutile, et dont il ne sait que faire. Il arrivera enfin à quelque ville. — Foible ressource ! Au sortir de la ville, il retrouvera une plaine, et puis encore une autre. —

Quel supplice ! — voyons si je viendrai à bout de m’y faire soustraire. —



CHAPITRE XXIX.

Nannette.


Je n’avois pas encore fait trois lieues et demie, que l’homme au fusil commença à regarder à son amorce. —

J’avois déjà fait trois pauses différentes, dont chacune m’avoit fait perdre un demi-mille au moins. La première avec un marchand de tambours ; la seconde avec deux Franciscains ; la troisième avec une vendeuse de figues de Provence.

Je voulois acheter son panier ; le marché fut conclu à quatre sols, et l’affaire alloit être consommée sur-le-champ ; mais il survint un cas de conscience. — Quand j’eus payé les figues, il se trouva dans le fond du panier deux douzaines d’œufs recouverts