Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/438

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celle qu’il avoit reçue à l’aîne) il ne lui échappa pas une expression chagrine ou de mécontentement ; il ne s’en prit ni au ciel ni à la terre ; il ne pensa ni ne parla mal de qui que ce soit. Pensif et solitaire, il s’assit, sa pipe à la bouche, les yeux fixés sur sa jambe boiteuse, poussant de temps à autre quelque soupir sentimental, — qui, mêlé avec les bouffées de tabac, ne pouvoit incommoder personne.

Je le répète, il prit le tout comme un agneau. —

À la vérité, il commit d’abord une méprise. — Le matin de cette même journée, il avoit monté à cheval avec mon père, pour tâcher de sauver un petit bois charmant, que le doyen et le chapitre de Shandy faisoient abattre pour en donner le profit aux pauvres (d’esprit, certainement, car l’argent en fut partagé entre le doyen et les chanoines.) — Le dit bois se trouvoit en vue de la maison de mon oncle Tobie, et lui étoit du plus grand secours pour sa description de la bataille de Wynnendale ; — aussi avoit-il couru avec empressement pour le sauver.

Il avoit été au grand trot, — sur un cheval dur, — avec une selle incommode. — Bref,