Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/524

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CHAPITRE XC.

Au fait.


Il est très-naturel à un étranger qui va de Londres à Édimbourg, de s’informer avant de partir à quelle distance est York, qui fait à-peu-près la moitié du chemin. On ne s’étonnera même pas s’il pousse ses questions plus loin, et s’il demande des détails sur la force, la grandeur, la population, et les ressources de cette ville, par laquelle il doit nécessairement passer.

De même il étoit naturel à la veuve Wadman, dont le premier mari étoit affligé d’une sciatique continuelle, de désirer connoître à quelle distance l’aîne se trouve de la hanche, et si elle avoit plus à gagner qu’à perdre entre la blessure de mon oncle Tobie et la sciatique de son premier mari. —

En conséquence elle avoit lu l’anatomie de Drake d’un bout à l’autre ; elle avoit parcouru le traité de Warton sur la moelle alongée ; et avoit même emprunté l’ouvrage de Graaf sur les os et sur les muscles ; mais tout cela sans fruit.

Elle avoit fait des raisonnemens à perte de