Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/530

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signoit, le dos de la main de Brigitte, qu’il laissa aussitôt retomber. —

« Nous pensions, monsieur Trim, dit Brigitte, que le coup avoit porté plus au milieu. » —

« Mon Dieu, dit le caporal ! nous aurions été perdus sans ressource. » —

« Et ma pauvre maîtresse aussi, dit Brigitte. »

Le caporal l’embrassa pour toute réponse.

« Allons, allons, dit Brigitte, nous savons ce que nous savons. » En même-temps, étendant sa main gauche horisontalement, elle fit passer et repasser dessus à plusieurs reprises les doigts de sa main droite, ce qui ne pouvoit se faire que sur un corps absolument plat et sans la moindre protubérance.

— « Cela est faux, entièrement faux, s’écria le caporal, sans lui donner le temps d’achever. » —

« C’est un fait, dit Brigitte ; et nous avons avons sur cela des témoignages sûrs. » —

« Sur mon honneur, dit le caporal, posant sa main sur sa poitrine, et rougissant par l’effet d’un juste ressentiment, — c’est une histoire, mademoiselle Brigitte, aussi fausse que l’enfer. — Ce n’est pas, dit Brigitte, en l’interrompant, que ma maîtresse ou moi y