Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/532

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« Je sais, mademoiselle Brigitte, dit le caporal, en lui donnant le baiser le plus respectueux, je sais que tu es naturellement bonne et modeste, et tu as d’ailleurs tant de noblesse et de générosité, que si je te connois bien, tu ne voudrois pas blesser un insecte, et encore moins l’honneur d’un si digne et si galant homme que mon maître, quand tu serois sûre d’être comtesse. — Mais, ma chère Brigitte, on t’aura conseillée, et tu auras été trompée, — comme il arrive souvent aux femmes de l’être, quand elles se sacrifient pour d’autres. » —

La réflexion du caporal fit verser quelques larmes à Brigitte.

« Dis-moi donc, ma chère Brigitte, continua le caporal en prenant sa main, qui pendoit à son côté sans mouvement, et en lui donnant un second baiser, — qui t’a pu donner un soupçon aussi faux ? »

Brigitte sanglotta encore un moment ; — et puis elle ouvrit ses yeux, que le caporal essuya avec le bas de son tablier. — Enfin elle lui ouvrit son cœur, et lui raconta tout. —