Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/534

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dépouillée de lauriers, que de blesser un seul moment la modestie de son maître. —

Ô le meilleur et le plus honnête des serviteurs ! mais je crois l’avoir déjà apostrophé. — Il ne me reste plus que ton apothéose à faire, et je la ferois à l’instant même, si je ne craignois de faire souffrir ta modestie.



CHAPITRE XCV.

Tout se découvre.


Un soir mon oncle Tobie, après avoir posé sa pipe sur la table, comptoit en lui-même, et sur le bout de ses doigts, en commençant par le pouce, toutes les perfections de Mistriss Wadman une par une. — Mais soit qu’il en omît toujours quelqu’une, soit qu’il en comptât d’autres deux fois, il s’embrouilloit tellement dans son calcul, qu’il ne pouvoit aller au-delà du troisième doigt ; ce qui le mettoit dans un embarras extrême. « Trim, dit-il, en reprenant sa pipe, apporte-moi, je te prie, une plume et de l’encre. » Trim apporta aussi du papier. —

« Prends-en une grande feuille, Trim, dit mon oncle Tobie, » lui faisant signe en