Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chiffon. « Non, disoit Suzanne, ma maîtresse ne les reverra jamais. »

Nous avions un pataud de marmiton, qui faisoit le facétieux ; mon père le gardoit, je pense, à cause de sa bêtise. — Il avoit été toute l’automne aux prises avec une hydropisie. — « Notre jeune maître est mort ! dit Obadiah ; — il est mort bien certainement. — Et moi je ne le suis pas, dit le marmiton. » —

« Voici de fâcheuses nouvelles, Trim, cria Suzanne, en essuyant ses yeux au moment où Trim entra dans la cuisine : — notre jeune maître Robert est mort et enterré. — (L’enterrement étoit un embellissement de la façon de Suzanne). — Nous allons être tous en deuil, ajouta Suzanne. » —

« J’espère que non, dit Trim. — Vous espérez que non, reprit vivement Suzanne. — (L’idée du deuil ne faisoit pas sur la tête de Trim la même impression que sur celle de Suzanne). — J’espère, dit Trim, expliquant sa pensée, j’espère en Dieu que la nouvelle n’est pas vraie. — J’ai entendu lire la lettre de mes deux oreilles, dit Obadiah ; et nous allons avoir une rude besogne pour défricher Oxmoor. — Oh ! il est bien mort, dit Suzanne. — Aussi sûr que je suis en vie, dit le marmiton. » —