Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’avoue que cela avoit quelqu’apparence d’un témoignage ; mais mon orgueil ne souffroit pas que j’entrasse en explication avec lui : je lui dis donc de se tranquilliser, de dormir aussi bien que je le ferois cette nuit, et que je le paierois demain matin.

Je ne me serois pas soucié. Monsieur, de vous voir une vingtaine de filles… Et je n’ai jamais songé, moi, à en avoir une seule, lui dis-je en l’interrompant… Pourvu, ajouta-t-il, que c’eût été le matin… Est-ce que la différence des momens du jour met, à Paris, de la différence dans le mal ? Cela en fait beaucoup, Monsieur, par rapport à la décence… Je goûte une bonne distinction, et je ne pouvois pas me fâcher bien vivement contre cet homme… J’avoue, poursuivit-il, qu’il est nécessaire à un étranger d’avoir la commodité d’acheter des dentelles, de la broderie, des bas de soie… et ce n’est rien, quand une femme qui vend de tout cela vient avec une boîte de carton… cela passe… Oh ? en ce cas votre conscience et la mienne sont à l’abri ; car, sur ma foi, et elle en avoit une, mais je n’y ai pas regardé… Monsieur n’a donc rien acheté ? dit il. Rien du tout dis-je. C’est que je vous recommanderois, Monsieur, une jeune fille qui vous vendra en cons-