Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/217

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fois a brisé ton cœur, peut seul le guérir pour toujours.


LE BOURBONNAIS.


Ces émotions si douces, ces rians tableaux que je m’étois promis en traversant cette belle partie de la France, pendant le temps des vendanges, s’étoient entièrement évanouis. Il ne m’en restoit plus rien… Mon cœur s’étoit fermé au sentiment du bonheur, depuis que j’avois posé le pied sur une terre d’affliction. Au milieu de toutes ces scènes d’une joie bruyante que je rencontrois à chaque instant, je voyois toujours Marie, dans le fond du tableau, assise et rêveuse sous son peuplier ; j’étois déjà aux portes de Lyon, je la voyois encore.

Charmante sensibilité ! source inépuisable de tout ce qu’il y a de précieux dans nos plaisirs et de doux dans nos afflictions ! tu enchaînes ton martyr sur son lit de paille, ou tu l’élèves jusqu’au ciel. Source éternelle de nos sensations ! c’est ta divinité qui me donne ces émotions… Non que, dans certains momens funestes et maladifs, mon ame s’abatte et s’effraie de la destruction… Ce ne sont que des paroles pompeuses… Mais