Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/239

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SUITE DU CAS DE DÉLICATESSE.


Je pris à la femme-de-chambre… quoi ? la main. Non, non : subterfuge grossier, M. Yorick. Trop grossier, en vérité. Voilà ce que diront un critique, un casuiste et un prêtre. Eh bien, je parie ma culotte de soie noire (c’étoit la première fois que je la mettois) contre une douzaine de bouteille de vin de Bourgogne, pareil à celui que nous bûmes hier au soir, (car je voulois parier avec la dame) que ces messieurs ont tort. Cela n’est guère possible, répondent mes clair-voyans censeurs ; la conséquence est trop visible pour qu’on s’y méprenne.

La femme-de-chambre étoit, j’en conviens, aussi vive que peut être une françoise, et une françoise de vingt ans. Cependant, si l’on examine la circonstance, si l’on fait attention que cette fille avoit le visage tourné du côté de sa maîtresse, afin de couvrir la brèche occasionnée par la chute des épingles, je crois que les géomètres les plus habiles auroient bien de la peine à démontrer la ligne que mon bras a dû décrire pour prendre à la femme-de-chambre…

Vous le voulez pourtant, je vous l’accorde ;