Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/259

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disposai donc à partir, et fis tristement mes préparatifs. Mon chagrin n’étoit que trop bien fondé. Les derniers fonds qu’on m’avoit fait passer devoient me durer trois mois : le premier à peine fini, je n’avois plus rien. Il m’étoit impossible de voyager sans argent ; mais mon généreux ami me prévint dans cette occasion. Il m’offrit une petite boîte qu’il me pria de garder pour l’amour de lui. L’ayant ouverte, j’y trouvai une lettre-de-change à vue sur un banquier, la somme étoit plus que suffisante pour mes frais de route.

Comme il ne laissoit jamais échapper l’occasion d’écrire à sa chère Angélique, je lui demandai une lettre pour elle : car elle demeuroit dans le voisinage de mon père. Je me chargeai aussi de lui porter le portrait de son amant, peint par un artiste des plus célèbres de Paris, et garni d’un riche entourage de brillans : elle devoit le porter en bracelet.


RETOUR DE L’ENFANT PRODIGUE.


Je quittai Paris et tous ses plaisirs avec la plus grande répugnance. Mais ce qui m’affligeoit le plus c’étoit la perte de mon camarade, de mon ami ; nous vivions ensemble