Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/310

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soit abattue, et ton corps aussi sans espoir de recouvrement… Que le ciel te donne du courage ! Nous n’avons parlé que de toi, Eliza, de tes douces vertus, de ton aimable caractère ; nous en avons parlé pendant toute l’après-dînée.

Mistriss James et ton Bramine ont mêlé leurs larmes plus de cent fois en parlant de tes peines, de ta douceur et de tes graces : c’est un sujet qui ne peut tarir entre nous. Oh ! c’est une bien bonne amie !

Les ***, je te le dis de bonne foi, sont de méchantes gens ; j’en ai appris assez pour frémir à la seule articulation du nom… Comment avez-vous pu, Eliza, les quitter, ou plutôt souffrir qu’ils vous quittassent, avec les impressions défavorables qu’ils ont ?… Je croyois t’en avoir dit assez, pour te donner le plus profond mépris pour eux jusqu’au dernier terme de ta vie. Cependant tu m’écris, et tu le disois encore il y a peu de jours à mistriss James, que tu croyois qu’ils t’aimoient tendrement… Son amour pour Eliza, sa délicatesse et la crainte de troubler ton repos, lui ont fait taire les plus éclatantes preuves de leur bassesse… Pour l’amour du ciel ne leur écris point, ne souille pas ta belle ame par la fréquentation de ces cœurs corrom-