Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/356

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LA MAISON DE DEUIL
ET
LA MAISON DE FÊTE.


SERMON II.


« Il vaut mieux aller à la maison de deuil qu’à la maison de fête. » Ecclésiaste, Chap. 7, ℣. 3.


Cela n’est pas vrai, le philosophe Roi a beau nous dire, orateur sacré, que le but de tous les hommes est la tristesse, et que le chagrin, suivant la leçon de l’expérience, est meilleur que la joie ; une pareille sentence faite pour un anachorète atrabilaire ne convient pas aux habitans de ce monde. Pour quel dessein, dites-nous : Dieu nous a-t-il créés ? Est-ce pour jouir des douceurs sociales de ces belles vallées où sa main nous a placés, ou pour languir dans les déserts stériles des montagnes inhabitées ? Les accidens de cette vie, les tempêtes qui nous y battent