Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/449

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rémonielle avoit enfin dévoré la morale, €t n’en avoit laissé que le squelette. Les bouffonneries de la superstition viendront un jour à bout de ruiner le christianisme même.

Que me reste-t-il à vous dire ? Rectifiez, mes frères, ces méprises grossières et ridicules, et placez la religion sur sa véritable base, en la ramenant vers cette raison primitive qui nous dicta ses premières obligations. Souvenez-vous que Dieu est un esprit, et qu’il lui faut un culte conforme à sa nature : Adorez-le en esprit et en vérité ; le plus parfait sacrifice que vous puissiez lui offrir est celui d’un cœur droit et humilié, quoiqu’il soit nécessaire d’observer les cérémonies de la religion, il ne faut pas comme le Pharisien en rester-là et en omettre les devoirs essentiels, mais se rappeler toujours que les pratiques instrumentales auxquelles nous sommes obligés ne sont qu’un pur mécanisme, qui nous conduit au grand but de la religion, celui de purifier nos cœurs, conquérir nos passions, et nous rendre en un mot meilleurs chrétiens et meilleurs citoyens. Ainsi soit-il.