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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/491

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du second. Quelle est la raison de cette confiance ? Je crois d’abord qu’il n’est pas possible qu’ils employent à mon préjudice le pouvoir que je leur ai donné ; je considère que la probité est la base de leur profession, et que leur succès en dépend, je suis persuadé enfin qu’ils ne peuvent me faire du mal sans se compromettre.

Mais donnons un nouveau motif à leur intérêt ; supposons que le premier pût sans nuire à sa réputation m’enlever ma fortune, et que le second pût jouir de mon bien par ma mort sans avilir son art, quelles sûretés aurai-je contr’eux ? la religion, le plus puissant des motifs ? Ce n’en est plus un, l’intérêt plus puissant qu’elle est contre moi. Que mettrai-je dans l’autre bassin pour contrebalancer cette tentation ? Hélas ! je n’ai rien, rien, ou ce qui est aussi léger que rien ; l’honneur. Je suis à la merci du principe le plus capricieux, et quelle sûreté pour deux biens aussi précieux que ma propriété et moi-même ?

Comme il ne peut exister de vertu morale sans la religion, on ne doit rien attendre de la religion sans la morale. Un homme n’a pas rempli ses devoirs envers Dieu, quand