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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/532

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que le luxe peut inventer, ce que la main de la science sait métamorphoser et tourmenter.

Tout auprès de la porte de son palais nous est représenté un objet que la Providence sembloit avoir placé là pour guérir l’orgueil du riche, et lui montrer le degré d’avilissement où l’homme peut être ravalé. C’étoit un être frappé de la disgrâce de la nature, sans amis, sans biens, manquant enfin de tout ce qui eût pu adoucir ses malheurs.

Dans cette cruelle position, il est représenté désirant les miettes qui tombent de la table du riche, ses vœux et sa demande restant sans succès ; ce riche, comme tant d’autres dans le monde, étoit trop élevé sans doute pour que ses yeux apperçussent distinctement les souffrances de son frère ; se rassasiant sans cesse dans des banquets magnifiques, il avoit oublié que la faim fût une maladie inscrite dans le catalogue des infirmités humaines.

Surchargé de malheurs et de tous les besoins qu’un monde inhospitalier avoit entassé sur sa tête, le pauvre se courboit et s’affaissoit en silence sous ce fardeau… Mais, grand Dieu ! d’où vient cela ? pourquoi souffres-tu ces calamités dans le monde que tu as créé ?