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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/55

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assez médité les importantes leçons de la civilité qu’on a mises dans les mains de mon enfance ; car je n’en pourrois pas faire autant.


LA REMISE.
Calais.


M. Dessein étoit arrivé avec la clef de la remise à la main, il nous ouvrit les grands battans de son magasin de chaises.

Le premier objet qui me donna dans l’œil, fut une autre guenille de désobligeante, le vrai portrait de celle qui m’avoit plu une heure auparavant, mais qui depuis avoit excité en moi une sensation si désagréable… Il me sembloit qu’il n’y avoit qu’un rustre, un homme insociable, qui eût pu imaginer une telle machine, et je pensais à-peu-près de même de celui qui voudroit s’en servir.

J’observai qu’elle causoit autant de répugnance à la dame qu’à moi… M. Dessein s’en aperçut, et il nous mena vers deux chaises qui devinrent tout de suite l’objet de ses éloges. Les lords A. et B., dit-il, les avoient achetées pour faire le grand tour ; mais elles n’ont pas été plus loin que Paris ; ainsi, elles sont à tous égards aussi bonnes