Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/648

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reux, ni confiant ? — Ce que vous en diriez, — je le conçois ; — vous penseriez qu’un tel homme est propre aux trahisons, aux pièges, aux rapines. — Cependant la duperie, — la fraude — nommez-les comme il vous plaira, — sont continuellement aux trousses des vertus dont nous venons de parler ; elles les suivent comme leur ombre. Semblable à tous les autres biens de ce monde, la vertu, quoique le plus précieux de tous, est cependant d’une nature mixte ; ses inconvéniens, si toutefois ils méritent ce nom, forment la base sur laquelle repose l’importance de ses fonctions et la supériorité de son essence.

La sensibilité se montre souvent sous une apparence de folie ; — mais sa folie est aimable ; ce n’est pas que j’approuve ses excès, — ou l’obéissance aveugle à l’impulsion qui les produit : cependant j’embrasserois de bon cœur celui qui ôteroit son manteau de dessus ses épaules — pour en envelopper un malheureux qui grelote et qui n’a rien pour se couvrir.

La discrétion est une qualité bien froide ; je ne serois pourtant pas fâché que vous en eussiez assez pour diriger votre sensibilité sur des objets convenables ; — mais ne l’étendez pas plus loin ; un pas de plus pour-