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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/80

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qu’il le put voir… Et l’on peut s’imaginer, si l’on veut, dès qu’il ne le vit plus, de quelle expression il fit usage pour conclure la scène.

Il n’y avoit guère de moyens, avec des bottes fortes aux jambes, de rattrapper un cheval effarouché. Je ne voyois qu’une alternative, c’étoit de faire monter La Fleur derrière la chaise, ou de l’y faire entrer.

Il vint s’asseoir à côté de moi, et, dans une demi-heure, nous arrivâmes à la poste de Nampont.


NAMPONT.
L’âne mort.


Voici, dit-il, en tirant de son bissac le reste d’une croûte de pain, voici ce que tu aurois partagé avec moi si tu avois vécu… Je croyois que cet homme apostrophoit son enfant ; mais c’étoit à son âne qu’il adressoit la parole, et c’étoit le même âne que nous avions vu en chemin, et qui avoit été si fatal à La Fleur… Il paroissoit le regretter si vivement, qu’il me fit souvenir des plaintes que Sancho-Pança avoit faites dans une occasion semblable… Mais cet homme se plaignoit avec des accens plus conformes à la nature.