Page:Stevens - Contes canadiens, 1919.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
10
LES TROIS DIABLES

— Mais s’il n’avait pas d’enfants, et si tout le monde le payait comme le roi, le bonhomme devait vivre à l’aise, ou bien il faut qu’il n’eût point d’ouvrage les trois-quarts du temps ?

— Pardon, j’ai dit tout à l’heure qu’il travaillait tous les jours, les dimanches et fêtes exceptés, depuis le matin jusqu’au soir, — huit heures l’hiver, treize et quatorze pendant l’été ; — mais quand bien même il aurait travaillé et gagné dix fois plus, le pauvre Richard serait toujours resté sans le sou, car il avait le malheur d’avoir une femme qui buvait.

S’il gagnait une piastre, sa femme avait soif pour deux. Elle buvait comme un trou, comme plusieurs éponges, cette malheureuse créature ; — aussi n’était-elle connue dans l’endroit que sous le sobriquet peu flatteur de « l’ivrognesse. »

Richard avait beau cacher son argent quand il en recevait, sa femme furetait si bien les moindres recoins de la maison qu’elle finissait toujours par trouver la cachette, et je n’ai pas besoin de vous dire que