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Page:Stevens - Contes canadiens, 1919.djvu/8

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LES TROIS DIABLES

Il n’en est pas moins vrai, soit dit en passant, que le nom et la personne ne s’accordent pas toujours. Je me rappelle avoir connu dans le temps un monsieur qui répondait au nom de Beaufils et qui, sans contredit, était bien le plus affreux petit homme que la terre eût jamais porté ; et je vois passer presque tous les jours un autre monsieur nommé Courtbras qui possède cependant une paire de bras qui remplaceraient très avantageusement les ailes d’un moulin à vent.

Mais revenons à Richard. Si c’était absolument nécessaire, je vous tracerais bien son portrait, mais comme ça pourrait traîner mon histoire en longueur, je me contenterai de vous dire qu’il n’était ni trop grand, ni trop petit de taille ; ni gras, ni maigre, entre les deux ; ni beau, ni laid. C’était, en un mot, un homme comme il y en a beaucoup. Son âge il ne le savait pas au juste ; cependant il aurait pu vous le dire à dix ans près, et, au moment où commence notre récit, le brave Richard tirait sur cinquante.

Il n’y avait pas à dix lieues à la ronde, un ouvrier