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TOM CARIBOU

Vous traiterez Jos. Violon de menteur si vous voulez, les enfants ; c’était pas croyable, mais la vingueuse de bête sentait la boisson, sans comparaison comme une vieille tonne défoncée ; que ça donnait des envies de licher l’animal, à ce que disait Titoine Pelchat.

Tom Caribou avait jamais eu l’haleine si ben réussie.

Mais, laissez faire, allez, c’était pas un miracle.

On comprit l’affaire quand Tom fut capable de parler, et qu’on apprit ce qui était arrivé.

Vous savez, les enfants — si vous le savez pas, c’est Jos. Violon qui va vous le dire — que les ours passent pas leux hiver à travailler aux chantiers comme nous autres, les bûcheux de bois carré, autrement dits voyageurs.

Ben loin de travailler, c’te nation-là pousse la paresse au point qu’ils mangent seulement pas.

Aux premières gelées de l’automne, y se creusent un trou entre les racines d’un âbre, et se laissent enterrer là tout vivants dans la neige, qui fond par-dessour, de manière à leux faire une espèce de réser-