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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/230

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FORTUNÉ BELLEHUMEUR.

bénite ! voilà bien qu’il arme ses pistolets !… L’entendez-vous, M. Plumitif ?… Il parle encore des Bostonnais… Pour le sûr, il va nous arriver malheur… Venez vous-en, M. Plumitif !… Je me meurs de peur…

En ce moment, chers lecteurs, M. Fortuné Bellehumeur s’est tout à fait mis au lit, et aussitôt qu’il entend s’éloigner les époux Plumitif flanqués de maître Sagamité, il leur envoie, comme fiche de consolation, ces aimables paroles :

Bonsoir, mes très-chers amis… Bonne nuit, monsieur et madame Plumitif… Bonsoir, M. Sagamité… Quel dommage que l’heure soit si avancée, sans cela je vous aurais priés d’achever la chanson, sans épinette, dont je n’ai encore entendu que le refrain :

Ah ! quel nez !.. ah ! quel nez ?
Vraiment j’en suis démonté…

Et sur ce, lecteurs, M. Fortuné Bellehumeur enfonça son bonnet de nuit sur ses yeux, se rabattit la couverte jusqu’au dessus de la bouche, et ne tarda pas à dormir d’un profond sommeil.

Le lendemain, dès le point du jour, M. Sans-Chagrain attelé et prêt à partir, hélait, de la rue, l’hôtelier, d’une voix à réveiller les morts.

— On y va, monsieur… On y est… Nous voici !…

Et M. Sagamité apparut, sur son perron, la carte à la main.

— Combien vous dois-je ?

— Sept livres dix sols.

— Très-bien, fit M. Bellehumeur glissant un écu de trois livres dans la main de l’hôtelier.