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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/235

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LA FORTUNE ET SYLVAIN.


Rien qu’à voir ton escarcelle
Je m’aperçois que tu mens.



Aussitôt la tracassière
Prend l’allure et le maintien
D’une vieille douairière
Riche en laideur comme en bien :
Beau Sylvain ! dit-elle ensuite
À l’amant de Louison,
La beauté s’efface vite
Elle n’a qu’une saison ;
Mais la richesse console
De la perte des appas,
Et si la fraîcheur s’envole
Les écus ne volent pas.
Je t’aime. Es-tu libre encore
De disposer de ton cœur ?
Eh quoi ?…. ton front se colore
D’une pudique rougeur ;
Crois-tu qu’une châtelaine
Ne peut aimer un vilain ?….
Bref, au bout de la semaine
Sylvain était châtelain.

Ce dénoûment semble étrange,
Il ne l’est guère pourtant :
En ce monde rien ne change
Plus tôt le cœur que l’argent.