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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/76

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LES TROIS DIABLES.

vous connaissez, je vous l’apporterai dans cette poche si vous voulez bien me faire un plaisir.

— Quoi ! quel plaisir ?… fit le diable.

— Eh bien ! reprit Richard, on dit que le diable est fin ?…

— Et puis ?

— On dit qu’il peut se métamorphoser comme il veut,… et quand il veut ?…

— Ça, c’est vrai, affirma le diable en se rengorgeant.

— Moi, je n’en crois rien, continua Richard, et je serais curieux de le voir.

— Métamorphose-toi donc un peu en quelque chose ?…

— En lion ?…

— Non… tu pourrais m’étrangler : change-toi en petit animal afin que je puisse te caresser ; fais-toi rat, par exemple ?

— Tiens, regarde bien, m’y voici… le diable s’était déguisé en rat ; mais en un clin d’œil, Richard l’empoigne, le jette dans son sac qu’il lie comme il faut, se le met sur le dos et passe la porte.

Ainsi équipé il va tout droit chez le forgeron.

— As-tu de l’ouvrage, compère ?

— Non.

— Et ton apprenti en a-t-il ?

— Non.

Ça « s’adonne » bien, je vous en apporte pour une quinzaine, dit Richard, en déposant son sac sur l’enclume dans lequel le diable gigotait de son mieux. Vous allez prendre tous les deux vos marteaux les plus lourds et vous me battrez ce sac jusqu’à ce qu’il soit aussi aplati qu’une feuille de papier. Surtout tapez dur.

Voilà donc le forgeron et son apprenti qui se mettent en face l’un de l’autre, à battre sur l’enclume, de toutes leurs forces.