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LV.

LE CHAT ET LA SOURIS.


Un jour, dans une souricière,
Fut prise une souris. La pauvrette pleurait,
Lorsqu’un matou s’en vint flairer au trébuchet.
Il aperçoit la prisonnière
Et la couvant des yeux lui dit d’un air doucet,
À travers le grillage : « Eh ! ma jeune commère,
« Que faisons-nous seulette en ces lieux ? pauvre enfant !
« Je ressens, à vous voir, un remords bien sincère
« D’être votre ennemi. Cessons, dès ce moment,
« Tout désaccord. Tenez, ma chère,
« Voulons-nous vivre désormais
« En paix ?…
« Je vous chérirai plus qu’un frère.
« Nous oublîrons tous deux notre haine première
« Pour nous aimer ? Eh bien ? » — De tout mon cœur, répond
« La souris se sentant renaître. »
— « Serait-il vrai ?… quoi ! tout de bon…
« Reprend en larmoyant le traître,
« Vous acceptez ?… Oh, l’heureux jour !…
« Chère amie, excusez mes pleurs, c’est la tendresse
« Qui me les fait verser… Ouvrez… que je vous presse
« Sur mon cœur,… je suis fou d’amour… »
— « Moi, je suis folle d’allégresse…
« Hâtez-vous, cher ami, venez de ce côté
« Lever un peu cette planchette