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XXVI.

LE COQ ET LE CHIEN.


Maître coq et Mouflard à l’humeur vagabonde
S’aimaient d’un amour fraternel.
« Frère ! dit un jour le chien d’un accent solennel,
« Tout meurt et nous n’avons encor rien vu du monde…
« Quel fut notre sort jusqu’ici ?…
« Nous avons constamment, stupides que nous sommes,
« Fait taire nos penchants pour obéir aux hommes
« Et vivoter à leur merci !…
« J’en suis las, et je crois que vous l’êtes aussi.
« Écoutez mon projet, il est bon, le voici :
« Ce soir, frère, ce soir quand toute la famille
« Du maître et des valets rentrés dans leur réduit
« Dormira d’un sommeil tranquille,
« Profitons doucement des ombres de la nuit
« Et filons notre nœud sans bruit.
« Ce plan, vous le voyez, n’est pas très difficile.
« Il ne s’agit pour le moment
« Que de cacher à tous notre projet de fuite
« Et de régler notre conduite
« De manière à tromper le portier vigilant
« Pour éviter toute poursuite
« Quand nous aurons quitté cette triste prison
« Nous agirons à notre tête ;
« Libres, qu’on est heureux !… plus de coups de bâton
« Comme en donne aujourd’hui le valet malhonnête