XLIX.
LE MÂTIN ET L’ÉPAGNEUL.
« Viens, cher ami Médor, nous irons faire un tour,
« On n’en dîne que mieux lorsqu’on est de retour.
« Ainsi parlait Mouflard, mâtin d’humeur hargneuse,
« Au petit épagneul que j’ai nommé Médor.
« Tu parais hésiter ?… Voyons, viens-tu ?… » — « D’accord,
« Lui répond l’épagneul d’une voix doucereuse.
« Mais où veux-tu flâner, Mouflard, mon bon ami ?… »
— « Au village voisin, c’est à deux pas d’ici,
« J’y connais plusieurs camarades. »
Voilà nos chiens partis. Ils font mille gambades,
On croirait, à les voir, qu’ils ont perdu l’esprit.
Bientôt leur course les amène
Près du village ; ils n’y sont pas encor
Que déjà monsieur Mouflard mord
Un malheureux barbet, — « Tu me fais de la peine,
« Lui dit Médor en le flattant.
« Pourquoi frapper un innocent ?… »
— « Eh ! qu’importe, petit, ce n’est qu’un badinage,
« Répond le grand Mouflard devenu turbulent.
« Nous verrons plus beau jeu là-bas dans le village. »
Les y voilà ; soudain les chiens des villageois
En les apercevant font un affreux vacarme.
Mouflard, en un clin d’œil, vous en étrangle trois.
Tout le village est aux abois
Et bientôt on sonne l’alarme.