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« Oui, dit-elle, vous êtes brave, et quant à votre ami, je l’admire et je l’aime.

— Personne ne peut s’empêcher de l’aimer, m’écriai-je : il a ses défauts comme les autres, mais il est brave et il est bon ; Dieu le bénisse ! Ce serait un triste jour que celui où j’oublierais Alan ! » Son souvenir et la pensée qu’il ne dépendait que de moi de le revoir cette nuit même, m’avait ému.

« Mais je perds la tête ! J’oublie de vous apprendre les nouvelles ! Et elle me parla d’une lettre de son père qui avait obtenu la permission de la voir et lui donnait rendez-vous pour le lendemain au Château, où il avait été transféré ; ses affaires étaient en bonne voie. Cela vous est indifférent, je le vois, ajouta-t-elle, vous avez des préjugés contre mon père sans le connaître.

— J’en suis à mille lieues, et je vous donne ma parole que je me réjouis de vous voir rassurée sur son compte. Si ma figure s’est quelque peu assombrie quand vous avez annoncé que ses affaires s’arrangeaient, c’est que nous sommes plutôt à une époque peu propice aux arrangements. Les personnages au pouvoir sont de trop vilaines gens pour qu’on puisse désirer traiter avec eux. J’ai encore Simon Fraser sur le cœur, vous savez.

— Oh ! s’écria-t-elle, vous n’allez pas comparer ces deux individus ! et vous devez savoir que Prestongrange et mon père sont du même sang.

— Je ne l’ai jamais su.

— Comme vous êtes ignorant ! On appelle les uns Grant et les autres Mac Gregor, mais ils appartiennent au même clan. Ils sont tous descendants d’Appin, dont notre pays tire son nom.

— Quel pays ?

— Mais, le vôtre et le mien, monsieur David.

— C’est le jour des découvertes, à ce qu’il paraît : j’avais toujours cru que mon pays s’appelait « l’Écosse ».