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de celui qui me suit ; c’est Neil, fils de Duncan, votre homme ou celui de votre père.

— Vous devez vous tromper ! s’écria-t-elle en pâlissant. Neil est à Édimbourg occupé pour le service de mon père.

— Je ne le sais que trop, mais quant à être à Édimbourg en ce moment, je puis vous prouver le contraire. Vous avez sûrement quelque signal, un signal d’appel pour le faire venir en cas de danger s’il est à portée des yeux ou des oreilles ?

— Comment savez-vous cela ? demanda-t-elle.

— Par un talisman magique que Dieu m’a donné à ma naissance et qui s’appelle le bon sens. Ayez la bonté de faire votre signal et je vous montrerai la tête rouge de Neil. »

Je parlais avec amertume et vivacité, car j’avais le cœur gros ; je me blâmais, je la blâmais aussi et je nous détestais tous les deux : elle, pour la vile troupe dont elle dépendait, moi, pour ma folie d’avoir risqué ma tête dans ce guêpier.

Catriona mit deux doigts à ses lèvres et siffla : une belle note claire aussi pleine que celle qu’aurait pu donner un rude laboureur.

Un moment, nous attendîmes en silence, j’allais lui demander de répéter le signal quand j’entendis du bruit dans le fourré. Je montrai la direction en souriant et presque aussitôt Neil sauta dans le jardin. Ses yeux brillaient et il avait un « couteau noir » (comme on dit dans les Highlands) ouvert à la main. Me voyant à côté de sa maîtresse, il s’arrêta comme foudroyé.

« Il est venu à votre appel, dis-je ; jugez s’il était à Édimbourg et quelle était la nature de son service près de votre père. Demandez-le-lui, du reste. Si nous devons, mes amis et moi, périr de la main d’un homme de votre clan, au moins, que je sache à quoi m’en tenir. »

Elle se mit à lui parler avec émotion, mais en gaélique.