Page:Stevenson - Catriona.djvu/125

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Prestongrange est un whig comme vous, aussi je n’en dirai rien ; je crois d’ailleurs qu’il est moins mauvais que les autres, si du moins on peut avoir confiance en lui ! Mais Simon Fraser et James More sont des nôtres et je leur donnerai le nom qu’ils méritent : le diable le plus noir fut le père de Fraser, tout le monde sait cela, et quant aux Gregara (Mac Gregor), je n’ai jamais pu les voir en peinture ! Je fis un jour saigner le nez à l’un d’eux alors que je me tenais tout juste sur mes jambes. Mon père fut fier de moi ce jour-là (Dieu l’ait en sa sainte garde), et il y avait de quoi ! Je ne nie pas que Robin soit un bon joueur de cornemuse, mais quant à James, le diable est son conseil.

— Il faut réfléchir, dis-je : Charles Stewart a-t-il raison ? est-ce moi seulement qu’ils cherchent ou nous deux ?

— Ah !… quelle est votre opinion, vous qui êtes un homme d’expérience ?

— Cela me dépasse, répondis-je, je n’ai pas d’opinion.

— Moi non plus ! Pensez-vous que cette fille vous tiendra parole ?

— Cela, j’en suis sûr.

— Il ne faut jurer de rien ! en tout cas, c’est fini, il y a longtemps que l’heure de sursis est écoulée et que Neil a rejoint ses compères.

— Combien pensez-vous qu’ils doivent être ?

— Cela dépend ! S’il ne s’agit que de vous, ils auront probablement envoyé deux ou trois hommes décidés, mais s’ils comptent sur moi, on peut bien dire dix ou douze. »

Cette fanfaronnade m’arracha un sourire.

— « Je crois que de vos deux yeux, vous m’en avez vu battre autant et même davantage, s’écria-t-il.

— Peu importe ; ils ne sont pas à nos trousses pour le moment.

— C’est votre opinion ? Moi, je ne serais pas surpris