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Presque au même instant, à un mille environ du côté de Gillane Ness, j’aperçus une silhouette d’homme agitant les bras au sommet de la dune, mais il disparut presque aussitôt et les mouettes effrayées s’envolèrent en désordre.

Alan n’avait pas vu cette apparition, car il ne quittait pas des yeux la chaloupe et le navire.

« À la grâce de Dieu ! s’écria-t-il, quand je lui dis ce que je venais de voir ; que les hommes nagent fort ou mon cou aura à subir une rude étreinte ! »

Cette partie de la côte était longue et plate ; c’était, à marée basse, une facile promenade ; un petit ruisseau coulait vers la mer et la ligne des dunes semblait être les remparts d’une ville. Nous ne pouvions deviner ce qui se passait derrière. Nous ne pouvions pas davantage hâter la vitesse du canot ; le temps paraissait s’arrêter comme nous pendant cet instant d’attente et d’angoisse.

« Je voudrais savoir quels ordres ils ont reçus, s’écria Alan ; nous valons quatre cents livres à nous deux. Qui sait, David, s’ils n’ont pas des fusils ? Ils auraient beau jeu du haut de ces dunes !

— C’est moralement impossible, dis-je, ils ne peuvent avoir de fusils : cette poursuite a dû être organisée dans le plus grand secret, tout au plus ont-ils des pistolets.

— Vous avez sans doute raison… Malgré tout, il me tarde fort de voir approcher le canot. »

Et il se mordait les doigts, sifflant d’impatience.

L’embarcation était environ au tiers de la distance à parcourir et nous, déjà au bord de l’eau, nous enfoncions dans le sable mouillé. Il n’y avait plus qu’à attendre, à guetter les progrès du canot, essayant d’oublier les dunes impénétrables couvertes de mouettes et derrière lesquelles nos ennemis tenaient sans doute conseil.

« Voilà en vérité une belle occasion de recevoir des