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XV

LE RÉCIT DE BLACK ANDIE AU SUJET DE TOD LAPRAIK


J’ai peu parlé jusqu’ici de mes trois compagnons les Highlanders ; c’étaient des hommes de James More, ce qui ne me laissait aucun doute sur le rôle qu’avait joué leur maître dans mon affaire. Tous les trois comprenaient quelques mots d’anglais, mais Neil était le seul qui crût en savoir assez pour se lancer dans la conversation usuelle, bien que ses interlocuteurs ne fussent pas toujours de la même opinion sur son talent. Ils étaient simples et sociables, ils montraient plus de courtoisie qu’on n’aurait pu s’y attendre et s’étaient spontanément chargés des soins du ménage.

Je ne tardai pas à m’apercevoir que le séjour sur l’îlot agissait sur leur imagination et que cette vieille prison en ruine, le bruit de la mer et les cris des oiseaux sauvages, les plongeaient dans des frayeurs superstitieuses.

Quand il n’y avait rien à faire, ils se couchaient et dormaient ; leur appétit paraissait insatiable. Parfois, Neil les entretenait de récits terrifiants. Si aucune de ces distractions n’était possible, si, par exemple, deux d’entre eux dormaient et que le troisième restât éveillé, je le voyais troublé, inquiet, aux aguets, jetant autour