Page:Stevenson - Catriona.djvu/182

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puisque vous voilà, je ne veux pas désespérer ! le chêne l’emportera sur le myrte encore une fois, nous allons battre les Campbell dans leur propre ville. Que Dieu m’accorde de voir luire ce jour ! »

Il bondissait de joie à cette pensée, tout en défaisant ses malles pour me donner des vêtements de rechange. Ce qui nous restait à faire, ce que je devais tenter, il ne m’en soufflait pas un mot, je crois même qu’il n’y pensait pas. « Nous écraserons les Campbell », c’était tout ce qu’il savait dire. J’étais écœuré de voir comment une cause criminelle pouvait devenir ainsi une simple lutte entre deux clans sauvages. Et mon ami l’avoué n’était pas moins ardent que les autres. Ceux qui l’avaient vu dans ses modestes fonctions d’homme d’affaires, ou bien figurant dans une partie de football, auraient eu peine à reconnaître en lui le fanatique partisan qu’il était maintenant.

Le conseil de James Stewart se composait de quatre personnages ; MM. Robert Macintosh et Stewart junior de Stewart Hall, et les shérifs Brown de Colstoun et Miller. Tous étaient invités à déjeuner avec l’avoué, après le sermon, et on voulut bien m’admettre à ces agapes. La nappe ne fut pas plutôt enlevée et les premiers verres préparés par le shérif Miller, que l’on entama le sujet brûlant.

Je fis une courte narration du guet-apens et de ma captivité dans l’île de Bass et tous voulurent m’interroger sur les circonstances du meurtre d’Appin.

C’était la première fois qu’il m’était donné de parler franchement devant les hommes de loi ; mon récit fut une déception pour eux et même pour moi.

« En somme, dit Colstoun, vous apportez la preuve qu’Alan était sur les lieux au moment du crime ; vous l’avez entendu proférer des menaces contre Glenure, et tout en nous affirmant que ce n’est pas lui qui a tiré,