Page:Stevenson - Catriona.djvu/185

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doit certainement passer avant tout à nos yeux, et pourtant, le monde ne finira point avec un James Stewart. (Ici il cligna de l’œil.) Je ne dis pas que je parlerais de même s’il s’agissait d’un Georges Brown, d’un Thomas Miller ou d’un David Balfour ! M. David a de bonnes raisons de se plaindre, et je crois, messieurs, que si son histoire était convenablement présentée, il y aurait bon nombre de perruques sur le tapis. »

D’un commun accord, l’assemblée entière se tourna vers lui.

« Convenablement présentée et soigneusement colorée, cette aventure ne peut manquer d’avoir des conséquences graves, continua Miller : tout le personnel de la Justice, depuis les plus hauts jusqu’aux plus infimes magistrats, en serait totalement discrédité et peut-être serait-il révoqué. Je n’ai pas besoin d’ajouter que ce procès de M. Balfour deviendrait une cause célèbre dont tireraient gloire ceux qui la soutiendraient. »

Tous, aussitôt, partirent sur cette nouvelle piste : « le procès de M. Balfour » ; ils spécifièrent quels discours on pourrait prononcer, quels juges on pourrait faire révoquer, et quels seraient leurs successeurs. On proposa même de solliciter le témoignage de Simon Fraser qui serait fatal au duc d’Argyle et à lord Prestongrange. Miller approuva hautement cette idée.

« Nous avons là, dit-il, une bonne revanche à prendre, une vengeance qui me met l’eau à la bouche. »

L’enthousiasme fut général à ces mots, l’avoué Stewart était hors d’état de maîtriser sa joie et criait vengeance contre son grand ennemi le duc.

« Messieurs, s’écria-t-il en remplissant son verre, à la santé du shérif Miller ! Sa science des lois nous est connue ; quant à ses talents culinaires, cette boisson en fait foi ; mais quand il s’agit de politique, ajouta-t-il en vidant son verre, alors, il est merveilleux !