Page:Stevenson - Catriona.djvu/189

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mission d’enquête qu’on voudrait désigner ; en second lieu, je demandai une copie du document.

Colstoun toussa et hésita un instant.

« C’est une pièce confidentielle, objecta-t-il.

— Ma situation vis-à-vis de lord Prestongrange est assez délicate, repris-je, il m’a, dès le début, montré de la sympathie ; sans lui, messieurs, je serais un homme mort, ou bien j’attendrais maintenant ma sentence à côté du pauvre James. C’est pour ces raisons que je veux lui communiquer ce Mémoire. Vous devez aussi comprendre que cette démarche me sera une sauvegarde. J’ai des ennemis qui ont l’habitude de ne pas perdre de temps ; Sa Grâce est ici dans son propre pays, Lovat est près de lui et s’il y avait quelque équivoque dans ma conduite, je pourrais très bien me réveiller en prison. »

N’ayant rien à répondre à de tels arguments, le conseil se résigna à me donner une copie et mit seulement pour condition que je transmettrais en même temps à lord Prestongrange leurs plus respectueux compliments.

L’avocat général, pendant ce temps, déjeunait au château, chez Sa Grâce le duc d’Argyle. Je lui envoyai par un des domestiques de Colstoun quelques lignes pour lui demander une entrevue et je reçus en réponse l’ordre de le rejoindre de suite dans une maison privée, en ville. Je le trouvai seul ; son visage ne laissait rien deviner, mais j’avais vu quelques hallebardiers dans le vestibule et je savais qu’il était prêt à me faire arrêter si cela lui paraissait bon.

« Ainsi donc vous voilà, monsieur David ? dit-il.

— Oui, milord, et je ne crois pas être le bienvenu, mais je désire avant tout exprimer à Votre Excellence toute ma gratitude pour ses bons offices même dans le cas où ils devraient cesser.

— Je sais à quoi m’en tenir sur vos sentiments de