Page:Stevenson - Catriona.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je lui énonçai mes raisons avec franchise, en appuyant sur celles qui le concernaient.

« Vous me rendrez justice, dit-il, j’ai travaillé dans votre intérêt autant que vous avez agi pour moi. Mais comment êtes-vous ici ? À peine le procès engagé, j’ai regretté d’avoir fixé une date si rapprochée et je vous attendais presque demain… Mais aujourd’hui ! je n’y aurais jamais pensé ! »

Je ne voulais pas, bien entendu, trahir Andie.

« J’ai lieu de croire, dis-je, qu’il y a quelques chevaux fourbus sur la paille.

— Si j’avais su que vous fussiez un tel bandit, vous auriez tâté plus longtemps du Bass.

— À ce propos, milord, je vous rends votre lettre, — et je lui donnai la missive à l’écriture contrefaite.

— Il y avait aussi l’autre feuille avec le cachet ? fit-il.

— Je ne l’ai pas gardée, elle ne portait que l’adresse et ne pouvait compromettre personne. J’ai le second billet et, avec votre permission, je désire le garder. »

Il fit une grimace, mais n’objecta pas un mot.

« Demain, dit-il, nous n’aurons plus rien à faire ici et je vais à Glasgow ; je serai très heureux de vous avoir avec moi, monsieur David.

— Milord,… commençai-je, très embarrassé.

— Je ne nierai pas que c’est un service que je vous demande, interrompit-il. Je désire même qu’à Édimbourg vous descendiez chez moi. Vous avez en mes filles de sincères amies, qui seront ravies d’avoir votre société. Si vous reconnaissez que je vous ai été utile, vous aurez ainsi le moyen de vous acquitter envers moi et, loin d’y perdre, vous pourrez même y trouver quelque avantage. Tous les jeunes gens ne sont pas présentés dans les salons par l’Avocat du Roi. »

Déjà, dans nos courtes relations, cet homme avait failli