Page:Stevenson - Catriona.djvu/22

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— Eh bien, je connais Duncan, et vous ne faites que lui rendre justice, et s’il est honnête, sa femme l’est aussi.

— Oui, ce sont de braves gens et j’aime leur pays.

pourrait-on trouver un lieu qui puisse lui être comparé ? s’écria-t-elle ; c’est avec passion que j’aime l’odeur de ce sol et jusqu’aux racines qui y poussent ! »

Je ne pouvais m’empêcher d’être charmé par l’enthousiasme de cette jolie fille et je me hâtai de répondre :

« Je regrette de n’avoir pas apporté un brin de bruyère : je vous l’aurais donné ; et quoique j’aie eu tort de vous parler le premier, puisque nous avons découvert que nous avons de mutuelles connaissances, je vais vous adresser une prière, c’est de ne pas m’oublier. Mon nom est David Balfour, ce jour est pour moi un jour de bonne chance, car je viens d’être rétabli dans mes droits de propriétaire et, cela, après avoir échappé à de mortels dangers. Je vous prie de garder le souvenir de mon nom pour l’amour de Baldwidder, comme je garderai le vôtre en souvenir de ce jour et comme un porte-bonheur.

— Mon nom ne s’articule pas, répondit-elle avec beaucoup de hauteur : il y a plus de cent ans qu’il n’a passé sur des lèvres humaines, excepté sans doute pour un aveugle. Je suis sans nom comme les fées. Catriona Drummond est le nom que je porte. »

Je savais maintenant à quoi m’en tenir. Il n’y avait dans toute l’Écosse qu’un seul nom proscrit, c’était celui des Mac-Gregor. Cependant, bien loin de songer à fuir cette dangereuse personne, je m’empressai de continuer la conversation.

« J’ai habité avec quelqu’un qui était dans le même cas que vous, et je pense qu’il est peut-être un de vos amis. On l’appelle Robin Oig.

— Est-ce possible ! Vous connaissez Rob ?

— J’ai passé une soirée avec lui, répondis-je.