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XXII

HELVOETSLUYS


Le temps avait changé, le vent sifflait dans les haubans, la mer grossissait et le navire commençait à lutter contre les vagues. Les cris de la vigie ne cessaient plus, car nous nous faufilions parmi les bancs de sable. Un matin, entre un rayon de pâle soleil et une averse de grêle, j’aperçus pour la première fois la Hollande, c’est-à-dire une ligne de moulins à vent, dont les ailes s’agitaient sur la côte. Je n’en avais jamais tant vu et cela me donna la sensation d’un voyage à l’étranger, d’un monde nouveau et d’une nouvelle vie. On jeta l’ancre vers onze heures, en face du port d’Helvoetsluys ; la mer était houleuse et le navire tanguait horriblement.

Nous étions tous sur le pont, sauf Mrs Gibbie, troussés dans des manteaux, nous retenant aux cordages et plaisantant d’autant mieux, comme les vieux matelots qui nous servaient de modèles.

Nous vîmes bientôt un canot se ranger le long du bord et le patron héla notre capitaine en hollandais. Celui-ci parut troublé, se tourna vers Catriona, et nous apprîmes en même temps quelle était la difficulté qui venait de surgir. La Rose allait jusqu’à Rotterdam où les passagers étaient pressés d’y parvenir pour