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XXIII

LA HOLLANDE


Le Rattel wagon, qui est une sorte de char à bancs, nous transporta en quelques heures aux portes de la grande cité de Rotterdam. La nuit était venue, les rues bien éclairées étaient pleines d’une foule bigarrée, amusante à voir : des Juifs à longue barbe, des nègres, la horde des filles très indécemment parées de bijoux et de rubans et entourées par les matelots qui les serraient de près, tout cela avait un caractère de pays lointains, et le bruit des conversations nous tournait la tête. Ce qui n’était pas moins surprenant, c’est que notre curiosité vis-à-vis de ces étrangers n’était pas moindre que la leur à notre égard. Je m’efforçais de faire bonne contenance à cause de ma compagne, et aussi par amour-propre, mais à dire vrai, je me sentais dans cette foule comme une brebis perdue et mon cœur battait d’angoisse. Une fois ou deux, je tentai de m’informer où était le port pour y trouver la Rose, mais je tombai mal sans doute, car on ne comprit pas mon mauvais français. Je pris donc une rue au hasard et nous nous trouvâmes en un endroit où abondaient des maisons très éclairées, les portes et les fenêtres encombrées de femmes peintes et bruyantes qui se mirent à