Page:Stevenson - Catriona.djvu/252

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bousculés que je l’avais perdue ; quoi qu’il en fût, je n’avais plus de bourse.

« Avez-vous trouvé une idée ? me demanda Catriona en me voyant m’arrêter court. »

Devant la nécessité, je devins lucide et je vis que je n’avais pas le choix des moyens. Il ne me restait plus un sou, mais j’avais mon portefeuille et le chèque sur une banque de Leyde. Seulement, il n’y avait qu’une manière de nous rendre dans cette ville, c’était d’y aller à pied.

« Catriona, dis-je, je sais que vous êtes vaillante et je crois que vous êtes bonne marcheuse, pensez-vous pouvoir parcourir environ trente milles sur un chemin ordinaire ? (Cette distance est exagérée, mais tels étaient alors mes renseignements.)

— David, répondit-elle, si vous demeurez avec moi, j’irai où vous voudrez et je tenterai n’importe quoi, mon courage est à bout, ne me laissez pas seule dans cet horrible pays, je ferai tout au monde plutôt que d’y rester.

— Pouvez-vous partir maintenant et marcher toute la nuit ?

— Je vous obéirai avec joie, dit-elle, sans vous demander pourquoi ; j’ai été mauvaise et ingrate, faites de moi ce qu’il vous plaira… Et… ajouta-t-elle, j’avoue que miss Barbara est la meilleure personne du monde, je ne vois pas, par exemple, ce qu’elle pouvait vous reprocher. »

Cela était du grec et de l’hébreu pour moi, mais j’avais autre chose à faire que d’éclaircir ce mystère, il s’agissait d’abord de quitter la ville et de prendre la route de Leyde. Ce fut un problème assez difficile, il était bien deux heures du matin avant que nous l’eussions résolu.

Une fois au delà des maisons, nous ne trouvâmes plus que la blancheur de la route pour nous guider, il n’y