Page:Stevenson - Catriona.djvu/257

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« Enfin, David, qu’allez-vous faire de moi ? demanda tout à coup Catriona.

— C’est ce que nous allons voir, répondis-je, et le plus tôt sera le mieux. J’aurai mon argent à Leyde ; là, pas de difficulté. Mais l’embarras est de savoir ce que vous deviendrez jusqu’à l’arrivée de votre père. Hier au soir, vous ne paraissiez pas avoir grande envie de me quitter.

— Je n’ai pas changé d’avis.

— Vous êtes une toute jeune fille et je suis à peine un homme, voilà la difficulté. Quel parti prendre ? À moins pourtant que vous ne passiez pour ma sœur…

— Pourquoi pas ? s’écria-t-elle, si vous le voulez bien ?

— Je désirerais que vous le fussiez réellement ! je serais un autre homme, si je vous avais pour sœur ! mais l’obstacle, c’est que vous êtes Catriona Drummond.

— Et maintenant, je vais être Catle Balfour, qui pourra dire le contraire ? Nous sommes étrangers ici.

— Si vous croyez que ce soit possible, je ne demande pas mieux, cependant, je suis un peu inquiet, je ne voudrais pas vous donner un mauvais conseil.

— David, vous êtes mon seul ami.

— Je suis un trop jeune ami, hélas ! Je suis trop jeune pour être de bon conseil. Je ne vois pas cependant ce que nous pourrions faire de mieux… Mais je tiens à vous mettre en garde…

— Je n’ai pas le choix, répondit-elle avec fermeté. Mon père ne s’est pas très bien conduit à mon égard et ce n’est pas la première fois que cela lui arrive ; je n’ai que vous au monde et je ne dois songer qu’à votre bon plaisir. Si vous consentez à me garder, c’est bien ; si vous ne voulez pas… (elle se détourna et me toucha le bras de la main.) David, j’ai peur… murmura-t-elle.

— Mon devoir est de vous avertir, » commençai-je, puis me souvenant que c’était moi qui avais de l’ar-